Ce projet de construire un bateau viking a germé dans l'esprit d'un jeune charpentier de marine lorientais originaire de l'île de Groix et nommé Marcel Forner.
Fasciné par la beauté du faering de Gokstad, petite barque viking découverte au siècle dernier dans une sépulture de Norvège, il décide d'en faire son "chef d'oeuvre" dans l'esprit du compagnonage : 1000 heures de travail pour faire renaître un bateau vieux de 1000 ans !
Au bout de cette passion, une extraordinaire coque de chêne et de pin, harmonie superbe de bois blonds et dorés, toute de légèreté et de souplesse.
Puisant dans la tradition scandinave pour y trouver une source d'inspiration nouvelle, Marcel Former l'a transcendée en utilisant le meilleur de la technologie moderne : lamellé-collé, inox et colles synthétiques.
Une synthèse culturelle féconde que symbolise le nom d'Inis Gwenva, emprunté à la "Symphonie Celtique" d'Alan Stivell : l'île du Troisième Monde, terre rêvée d'harmonie et de beauté des anciens Bretons.
Grâce à ses qualités nautiques étonnantes, Inis Gwenva offre des possibilités neuves pour une autre navigation, de découverte et de randonnée, loin des marinas encombrées, dans les sites sauvages des estuaires et de fleuves.
Dominique Duviard, revue "Le Chasse Marée"
Marcel ne connaissait pas les techniques de construction scandinaves de l'époque, avait un local plus petit que la longueur nécessaire, et surtout voulait naviguer à la voile alors que l'original ne naviguait qu'à l'aviron. En mars 1981, il va donc entamer l'étude de ce bateau, afin de l'adapter à ses contraintes, mais également de l'améliorer, de l'optimiser. Ainsi le bateau sera raccourci de 30cm (en raison de la longueur disponible dans l'atelier), élargi de 16 (pour lui permettre de porter la toile), et les liaisons bordé-étrave et bordé-étambot seront modernisées et optimisées... De plus, des pièces de cuivre (bandes molles, varangues) seront ajoutées et les rivets en acier remplacés par des rivets en cuivre, plus résistants à la corrosion. Tout ceci fait que ce bateau n'est pas une réplique, mais une réinterprétation moderne du bateau original..
En décembre 1981, le chantier commence, et le bateau est mis à l'eau le 19 juillet 1982.
Quelques années plus tard, Marcel vend le bateau au fils de son ami Dominique, et celui-ci navigue avec de nombreuses années avant de le vendre en mai 2021 à son actuel propriétaire.
Inis Gwenva est alors entièrement démontée (sauf les clins!) et poncée, avant que ses quelques fissures ne soient comblées au mastic, et que quelques couches d'un mélange maison à base d'huile de lin et de goudron de Norvège ne viennent lui redonner toute sa superbe. les avirons sont également refaits à neuf, y compris les fourrages cuir refaits avec un magnifique cuir graissé. Tous les cordages sont changés par des neufs, en chanvre (traités au goudron de Norvège eux aussi).
Ensuite viendra le temps du remontage, et l'étude du remplacement de la voilure actuelle (à livarde) par une carrée, typique des gréements de l'époque viking.
L'aventure (re)commence... sous une autre identité. Inis prendra bientôt le nom de Vanadis, surnom de la déesse Freya, fille de Nojrd, dieu viking des mers. Vanadis signifie (au choix) "belle déesse" ou "Déesse des Vanes" (les vanes sont un groupe de dieux auquel appartient Freya).
Ps : Vanadis mesure 6,25m de long (6,51 pour l'original), 1,6m de large (1,44 pour l'original) et pèse 135kg contre 108 pour l'original (en raison des ajouts rendus nécessaires par le gréement).